TEXTE > Marie-Pierre Deltombe (peintre)
Ecriture sur le travail de la peintre, Marie-Pierre Deltombe, pour l’exposition à la maison des Cultures de Molenbeek 09.11.12 > 21.12.12
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Marie-Pierre Deltombe a toujours dessiné. Cela s’est concrétisé dans sa profession d’architecte et s’est poursuivi dans la peinture. C’est en cherchant le fil rouge qu’elle ne trouvait pas entre ses grandes toiles précédentes, qu’elle s’est mise à déconstruire celles qui ne lui semblaient pas abouties. L’idée de les reprendre, de leur donner une nouvelle vie, un sens nouveau, de recycler toute cette matière abandonnée la guida. Les toiles peintes et repeintes furent démontées, découpées et mélangées, prêtes à redevenir peinture, autrement.
Le travail de Marie-Pierre Deltombe raconte le questionnement du peintre dans son processus de création. Et c’est dans la fabrique de ses toiles que nous croyons deviner ce monde intérieur qu’elle-même tente de capter et de comprendre. Chaque bout de toiles découpées est la capture d’un instant déjà passé, un moment dépassé qui n’a plus lieu d’être, prêt à devenir le commencement d’autre chose. Il se mêle et se juxtapose à d’autres pour former le présent, dans la répétition d’un geste qui compose presque machinalement, laissant place au corps, qui, lui sait, les mutilations ressenties, tapies au plus profond, les blessures qu’il se doit de cicatriser.
Des fragments de toiles vierges, des morceaux de pages blanches, au fur et à mesure, se sont ajoutés aux anciens, tout comme des trous, des vides ont percé ces constructions fragiles ; l’ensemble à nouveau travaillé sous le pinceau, car couleurs, matières et formes sont indissociables de la composition.
Les peintures de Marie-Pierre Deltombe sont, pour nous, comme de petites fenêtres ouvertes sur nos mythes, invitant à la tâche, Ariane et Pénélope, ou encore Prométhée, l’étrange créature. Toiles mutilées et recousues du fil rouge, dans un désir d’infini, sans cadre, mais aux bords travaillés pour effacer les limites du corps à l’ouvrage… (F.M.)