DE SOI

TEXTE > Antonio Jimenez Saiz (photographe)

« La photographie reste un mystère qui ouvre ses clefs aux désirs de chacun, regard qui porte vers l’intérieur, d’une part saisie à l’enfance oubliée, lucarne qui s’occulte vers l’extérieur, d’une peur vision au demain enchanteur » Antonio Jimenez Saiz

Entrer dans le monde de mots et d’images d’Antonio Jimenez Saiz, c’est entrevoir ce qu’il perçoit de la fenêtre qu’enfant, il est tenu de rester, d’un côté seulement car l’extérieur urbain lui est décrit comme lieu de décadence. Il ne peut qu’aimer par delà la route, regarder le monde au travers de la fenêtre. Ainsi quand à son tour, vint enfin la liberté, l’expérience se fait vie et Antonio avance dans l’ivresse vertigineuse. Il tâte de tout dans l’excitation de l’instant. Mais la jeunesse a une fin et si force est que l’âge mène à la plénitude, alors telle une catharsis, la photographie va ouvrir la boite de Pandore, enfuie au plus profond de son corps.

Je ne sais m’écrire, glisse-t-il dans les méandres de ses écrits. Alors, Antonio marche. De jour comme de nuit. Au dedans et au dehors. Dans l’ivresse et la sagesse. Comme au Ciel sur la Terre. En tête à tête avec lui-même, qu’importe qu’il soit seul, comme presque toujours, ou accompagné de ceux qu’un temps il voit à peine, Antonio marche, hors des murs, jusqu’au Terminus. Il scrute les fenêtres éclairées, les ombres projetées dans les traces de vie, première Echographie de celle qui raconte aussi la sienne. Il observe les silhouettes esquissées qui glissent doucement dans son cadre de Fiction, ces invisibles qui sous l’objectif deviennent presque visibles. Dans la géométrie colorée, apparaît l’ordonnance, dans le flou de la nuit, naît l’intime. Une alternance s’ensuit. Deux faces d’un même homme qui glane, de soi à l’autre, de bâti à la faille, arpentant le Rêve américain, aussi à la recherche de sa Famille en solitude. Antonio raconte. Il nous raconte son chez soi, ce pays, son Royaume. Et, tout comme l’Hiver succède à l’Automne, d’autres saisons l’attendent et nous attendent, nous ravissant d’être, enfin, libre de soi.

(F.M.) Bruxelles, 21 décembre 2012