REVUE ANNUELLE // EDITION
L’Esprit des villes, Paris-Suisse, éd. INFOLIO
Présentation à la Librairie Peinture Fraîche (Bruxelles, Novembre 2015) du nouveau numéro de la revue, l’Esprit des villes, initiée par Thierry Paquot, et avec la complicité de Hacène Belmessous, Sophie Gendrot-Body, Florence Marchal, Anne-Solange Muis et Chris Younès.
L’Esprit des Villes associe toutes les disciplines et surtout les indisciplines. L’esprit de chaque ville échappe à l’analyse du seul géographe ou sociologue, architecte ou urbaniste et réclame une indispensable pluralité de points de vue, d’où des textes littéraires, des photographies, des dessins, des articles réactifs de colère ou d’enthousiasme, des études solidement documentées, des traductions, des rééditions, des débats contradictoires et de la philosophie ! On se promène dans cette revue comme dans une ville, chaque contribution est un quartier différent, une rue qui dépayse, un jardin qui repose, un habitant qui vient à vous, une revue-ville qui révèle justement son esprit singulier et appelle à la flânerie parmi les idées, les représentations, les interprétations, les réalisations, les anticipations, les inventions.
Ont participé également au numéro 2: Olivier Bastin et Mariantonia Lo Prete, Hacène Belmessous, Pierre Blondel, Sophie Body-Gendrot, Gilles Clément, Joël Cornuault, Guillaume Faburel, Bernard Fauconnier, Florence Marchal, Carola Moujan, Anne-Solange Muis, Thierry Paquot, Fabio Poggi, Chris Younès, … Photographies de Manu Geerinck // Peintures de Pierre Mathéus
ORDINARY CITY / photographies de Manuel Geerinck (exposition à la Librairie Peinture Fraîche, Bruxelles_Nov.-Déc. 2015)
Il y a quelques années, presque chaque matin, je croisais au café un vieux médecin. Avidement, il parcourait les différents journaux, belges et étrangers, à disposition des consommateurs. Un jour, n’y tenant plus et intriguée par cette frénésie quotidienne, je l’abordai et lui demandai directement le but de cette boulimie. Il me répondit simplement qu’il recherchait les signes annonciateurs de la décadence de notre société.
Cette anecdote m’est revenue en discutant avec l’artiste, Manuel Geerinck. En me présentant à nouveau ses photographies, il me montrait ce que de prime abord je n’avais pas vu. J’avais apprécié le cadrage, les contrastes, les rapports entre verticalité et horizontalité, les lignes de fuite. J’avais découvert d’autres facettes de certaines villes américaines. J’étais étonnée du peu de présence humaine : un choix, une pudeur, un peu de misanthropie, trop de formalisme ? Mais je n’avais pas remarqué les petits détails presque anodins de la décadence urbaine dans le sillage de la modernité. Ce que l’absence humaine - son échelle, son apparence - rend encore plus visible. Alors, visualisant les photos une à une, prenant le temps comme lui-même en avait pris pour capter l’instant décisif que demande l’argentique, je l’ai écouté et j’ai regardé autrement.
(F.M.) Bruxelles, 31 août 2014