Bruxelles : Ceci n’est pas un piétonnier

PUBLICATION // TERRITOIRES

Ecologik (Magazine trimestriel) N°63_Septembre.Octobre.Novembre 2019

Comme pour de nombreuses métropoles, la modernisation de Bruxelles, au siècle dernier, a été en faveur de la circulation automobile. Embouteillée et polluée, la capitale européenne est aujourd’hui congestionnée et l’unique solution est d’y réduire le nombre de voitures. Le piéton en sortira-t-il gagnant ?

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Si le belge a une brique dans le ventre, il a en outre un volant entre les mains, bien soutenu par la fiscalité belge. Un quart à un tiers des automobilistes qui viennent travailler à Bruxelles possèdent une voiture de société dont l’entièreté des frais est payée par l’employeur. La plupart, hautement qualifiée, vit en périphérie, contrairement aux habitants à faible revenus qui occupent le centre-ville et s’exportent chaque jour, au-delà du ring, à la recherche d’emploi moins qualifié. Ce chassé-croisé quotidien aux heures de pointe congestionne la capitale qui apparaît ainsi dans le top 20 des villes les plus embouteillées au monde. Avec la « petite ceinture » qui enserre le Pentagone et les autres voies rapides qui dressent des frontières entre les quartiers, Bruxelles est une ville peu agréable à arpenter, à pied comme à vélo, d’une commune à l’autre.

À ces stigmates géographiques, s’ajoute une complexité administrative rendant presque impossible une vision globale pour l’instauration d’un plan commun de la mobilité. Ce qu’on nomme communément « Bruxelles » est en réalité un mille-feuille institutionnel composé de 19 communes, d’un gouvernement régional (la Région de Bruxelles-Capitale) et de trois gouvernements communautaires (français, flamand et commun) qui plus est, un territoire inséré en Région flamande (où se situe ring et périphérie) encore sous le joug affaibli de l’État fédéral. Les trams, métro et bus, desservant du centre à la périphérie, sont gérés par les sociétés de transports régionaux : la STIB (Région bruxelloise), le TEC (Région wallonne), De Lijn (Région flamande) et la SNCB (l’équivalent de la SNCF). Il n’existe à ce jour aucun abonnement commun permettant aux usagers de passer de l’un à l’autre avec un seul titre de transport.

Pourtant la jeune cellule Bruxelles-Mobilité de la région-capitale ne perd pas espoir et vient de lancer une vaste enquête publique, le Good Move, afin de trouver un consensus pour diminuer l’impact de la voiture. Elle mise ainsi sur un accord entre les différents opérateurs de transports publics, l’offre exponentielle des transports alternatifs et partagés (voitures, vélos, trottinettes), répondant aux besoins de chacun, et sur les applications proposées par les nouvelles technologies numériques. Il n’en faudrait pas pour autant oublier le piéton qui se voit slalomer entre les différentes instances et peinent à se faire entendre, comme le montre le cas du « plus grand piétonnier d’Europe » au centre-ville ou celui de la deuxième artère commerciale la plus fréquentée de la Capitale, situé dans la commune d’Ixelles.

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Photographies : © Titouan Berhaut-Streel

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